25.2.11

Sixties nostalgie

Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard.

Destins croisés. Au Musée des Lettres et des Manuscrits (222 Bd Saint Germain, à Paris) vous pourrez découvrir l'une des plus importantes collections de documents et autographes d'hommes et de femmes, la plupart célèbres, d'autres plus anonymes comme cette passagère du Titanic qui dans son journal raconta la soirée mémorable du naufrage, le 14 avril 1912.
Dans les travées du sous-sol, vous croiserez Catherine de Médicis, Charles de Gaulle, Churchill ou Victor Hugo, Flaubert, Saint-Exupéry à côté de Picasso, Marcel Duchamp et Ravel ou encore Marie Curie et Newton... Aucun lien entre ces personnages tout droit sortis d'un inventaire à la Prévert, sinon leurs écrits, très anecdotiques pour certains, d'autres plus fondamentaux comme l'esquisse de la théorie de la relativité par Einstein ou les déchiffrages des hiéroglyphes par Champollion. L'aspect fragmentaire, isolé de ces documents rend la rencontre avec leurs auteurs assez fugace, voire formelle. No thrills.

Au rez-de-chaussée un exposition temporaire (jusqu'à 3 avril) présente un large ensemble de documents et manuscrits du grand mystificateur des lettres, deux fois goncourisé Romain Gary alias Émile Ajar. Bizarrement, devant cette somme impressionnante de brouillons, manuscrits, jeux d'épreuves et correspondances, le visiteur reste sur la marge, comme si cette écriture bouillonnante et sans repentir avait besoin de sa transfiguration par la typographie pour révéler sa pleine saveur.

Fragment du cahier manuscrit du premier jet de Gros-câlin signé Émile Ajar (1974).

Il y a comme une forme d'indiscrétion ou d'impudeur à pénétrer dans l'antichambre de cette littérature, que ne corrige pas la scénographie de cette exposition, sobre mais sans éclat, ni archives sonores. Un panneau couvert de photos de Jean Seberg, sa compagne de 1960 à 1970, qui ornait son bureau, vient ramener un peu d'humanité au cœur de cette machinerie littéraire. Romain Gary reconnaissait volontiers ne vivre que pour et par l'écriture. Alors tant pis pour le souvenir de cette voix, celle qui incarna avec tant de d'innocence et de fraicheur la petite vendeuse à la criée du Herald Tribune sur les Champs-Élysés dans A bout de souffle de Jean-Luc Godard.  L'été 1979, elle fut retrouvée morte, enroulée dans une couverture à l'arrière de sa voiture après une absorption massive de barbituriques et d'alcool.
Antidote : La promesse de l'aube de Romain Gary (1960), éditions Folio, 7 €.
A bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960) disponible en DVD/Blu-ray  chez StudioCanal pour 15 €, édition : Digipack, avec de nombreux bonus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Comme ce doit etre beau, ce musee des manuscripts!