26.3.15

Au Salon du Livre j'ai pris un Book expresso

3 minutes 30 chrono, impression et façonnage compris © vsfg
 La fin du pilon. Faute de pouvoir les conserver car garder du livre en réserve coûte trop d'argent, le devenir des invendus a toujours été pour les éditeurs un dilemme cornélien. Faut-il les vendre à vil prix à des soldeurs ou les envoyer au pilon ? Dans un cas, brader la came comme s'il s'agissait d'une vulgaire marchandise de peu valeur. Dans l'autre envoyer à la destruction ces objets de connaissances qui depuis Gutemberg n'ont cessé de nous faire rêver, apprendre, connaître ou vibrer.

Ad nauseam par Tania Mouraud au Mac/Val
Les rares privilégiés qui ont eu la chance de pénétrer dans la gigantesque installation vidéo Ad nauseam montée par l'artiste Tania Mouraud jusqu'en janvier dernier au Mac/Val de Vitry-sur-Seine ne me contrediront pas et pourraient même témoigner de la barbarie de l'opération. Au fond d'un obscur entrepôt étaient projetés sur trois écrans côte-à-côte les images de cette mise à mort, déchargement par benne entière de livres en vrac sans distinction, Beckett côtoyant Marc Levy, chargement sur un tapis roulant qui les conduit dans une déchiqueteuse géante avant une grande lessive pour un retour programmé à l'état de feuille immaculée, prête à une nouvelle vie.

Je m'imaginais pas en me rendant au Salon du Livre le week-end dernier que j'y entr'apercevrais la fin probable de ce cauchemar. J'y ai découvert en effet au stand des PUF (Presses universitaires de France) une bien étonnante machine capable de produire du livre à l'unité, à partir d'un fichier numérique, en quelques minutes, impression et façonnage compris. Tous les espoirs sont donc permis. Si dans un premier temps ce type d'impression sera destiné essentiellement à fournir à des lecteurs des livres épuisés, on peut imaginer dans un avenir plus ou moins proche la fin des tirages à l'aveugle et par voie de conséquence celle du pilonnage.

Pluggé sur une imprimante et en un clic et c'est parti...
De la même façon, si l'on extrapole pour la presse dont la mise en place sur les pointes de vente et ensuite le rapatriement des invendus génèrent d'importants coûts structurels et un immense gâchis particulièrement désastreux en terme de bilan carbone, on pourrait imaginer un large réseau décentralisé d'unités d'impression de ce type qui imprimerait à la commande l'exemplaire de votre magazine préféré que vous auriez préalablement visualisé sur une borne numérique ou sur internet.

Un polar ! Bonne lecture...
L'éditeur imprimera exactement le nombre d'exemplaires qui lui auront été achété ni plus ni moins. Quelques détails techniques restent à améliorer pour rendre ce dispositif opérationnel en particulier sur le papier (trop standardisé à ce stade et limité à un format maximun de 20 par 28 cm), également sur le bon traitement de la couleur et sur le coût. Mais si la demande développe, il n'y a aucune raison de ne pas espérer, car la technique produit toujours des petits miracles (à suivre).

Bonus : Tania Mouraud une rétrospective au centre Pompidou-Metz du 4 mars au 5 octobre 2015
Le Fablab Ireneo ou l'impression immédiate du livre

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