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17.12.14

Un nouveau logo pour SFR ?

 
Degré zéro de l'invention ? © DR

Junkdesign. A partir de quand peut-on considérer qu'un design est bon, pertinent ou novateur, qu'il fait progresser le sens commun, l'esthétique ou l'ergonomie, qu'il offre une plaisir d'usage et de contemplation évident, sans contestation possible ? Sous quel angle doit-on apprécier la valeur d'une proposition ?  Est-ce le critère purement formel ou esthétique qui prévaut ? Ou bien est-ce l'adhésion qu'il rencontre ? Ou encore le fait qu'il apporte une réponse à une problématique qu'il était censé résoudre. Voilà toute un série de questions qui nous sautent à la figure en face de certaines productions proches du degré zéro de l'invention. Y apporter une réponse dans la pratique est essentiellement une affaire de tempérament et de capacité à résister au contexte. Chacun y joue son caractère mais grosso modo on pourrait établir cette petite classification qui dégage trois catégories d'acteurs.

Les premiers sont des adeptes du ça passe ou ça casse et optent pour le passage en force au nom d'une exigence artistique ou stylistique qui ne supporte aucun compromis. Il faut s'appeller Ruedi Baur, Philippe Starck ou Jean Nouvel pour en arriver là. Cela n'est pas donné à tout le monde mais n'est pas sans risque non plus, car la brutalité dans une démarche de création s'accompagne souvent d'un retour de bâton ou d'un effet boomerang dévastateur. La radicalité est rarement supportée dans la durée et finit par se désagréger au fils des épreuves du temps.
Les seconds que nous qualifierions de pragmatiques, cherchent à composer avec le sens du vent, et noient le poisson dans un discours qui peut impressionner mais qui ne soutient que des propositions de circonstances sans pérennité non plus car la carence de sens est patente. On a vu ces derniers temps fleurir tout un tas de logos, qui ont intégré des effets graphiques de surface qui ne sous-tendent aucune symbolique, aucune valeur ajoutée, aucune profondeur. Voyez le logo SFR qui ressemble à un vilain bouton d'une interface cheap.
Enfin, les derniers les moins chanceux sont surement ceux qui de gré ou de force obtempèrent aux injonctions du client de plus en plus roi, celui qui n'a de cesse de croire que la PAO est un jeu d'enfant à la portée du premier venu, et que le produit de ces quelques clics ne mérite qu'une aumône en guise salaire.
Avant/après : le célèbre paquet de Lucky Stricke métamorphosé
par Raymond Lœwy. Le succès fut foudroyant.
Maintenant faisons entrer en scène Maya. Et que vient-il faire dans toute cette affaire, me direz-vous avec raison ? Rien à voir à avec la célèbre abeille du dessin animé éponyme mais plutôt avec un sésame qui pourra peut-être vous aider à trouver la pratique adéquate. Ces quatre lettres à la suite forme un acronyme fort malin qu'avait établi le génial et regretté Raymond Loewy : Most advanced yet acceptable. Autrement dit aller le plus loin possible dans l'innovation à la condition qu'elle soit recevable par ses destinataires. Voila le maître-mot que toute sa production nous a légué que j'ai à cœur de remettre au goût du jour pour la nouvelle année, histoire de repartir sur de bons rails et de contrecarrer le junkdesign ambiant. Et pour tous ceux qui voudrait relever le défi : à vos crayons et rhabillez-nous vite SFR qui le vaut bien !

En savoir plus sur Raymond Loewy : wikipédia
A réécouter : Une vie, une œuvre Raymond Loewy (1893-1986) Podcast de France-Culture