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26.1.15

Le plus vieux graffiti du monde était-il un lien internet ?

Seul le coquillage est authentique ! CQFD © Minke Van Voorthuizen
Street art. Pas encore coté sur le marché de l'art, un Homo erectus indonésien fait l'événement avec un coquillage orné d'un zigouigoui, datant de 500 000 ans avant notre ère. Signature, graph, glyphe… on ne sait pas trop. Toutes les hypothèses restent ouvertes. La très sérieuse revue scientifique Nature a publié début décembre un article relatant comment fut découverte cette gravure, la plus ancienne à ce jour produite par la main de l'homme. Trouvé sur le site de Trinil sur l'île de Java il y a une centaine d'années, ce fossile dormait d'un oubli profond dans un tiroir du Muséum d'histoire naturelle de Leyde aux Pays-bas. Un étudiant australien qui passait par là pour un thèse sur les coquillages consommés par d'obscurs ancêtres appartenant au genre des homininés, l'a photographié négligemment entre deux moules d'eau douce. Une fois rentré chez lui, il s'aperçut à sa grande surprise qu'il portait de bien mystérieuses traces gravées en forme de zigzags. A y regarder de plus près elles dessinent comme un triple w relié à un m inversé. Pourrait-il s'agir d'une forme primitive de lien internet ? La question méritait d'être posée. Appelés à la rescousse, nos paléontologistes néerlandais répondirent que cette inscription en creux avait nécessité une grande attention et un effort considérable. Elle ne pouvait donc résulter que de la volonté consciente de son auteur et à ce titre devait être considérée comme une gravure et la plus ancienne produite par l'homme. Dont acte.

Quand la station Saint-Germain-des-prés accueille les écritures du monde © Ratp
Signature, graph, glyphe… Nous n'en savons guère plus. Pour avancer dans la résolution de cette énigme, il vous est fortement recommandé de vous rendre avant la fin du mois de mars dans le métro parisien et plus particulièrement à Saint-Germain-des-Prés (ligne 4). Oui, la Bibliothèque Nationale et la RAPT ont organisé sur les quais de cette station une grande exposition sur les écritures du monde. Laurent Ungerer (de l'agence C-album) en a magnifiquement orchestré la scénographie. Il s'est inspiré de la casse de l'imprimeur (le tiroir composé de cassetins qu'on utilisait pour ranger les caractères d'imprimerie) dont il a utilisé la contre-forme pour concevoir des présentoirs tout à fait singuliers, mosaïque de petits carreaux dont chacune des faces supérieures reproduit un caractère. Y sont présentées 55 écritures du monde entier au milieu desquelles sont exposés dans de petits compartiments en creux des objets aussi hétéroclites qu'un papyrus égyptien, une planche de récitation chinoise ou le psautier de Charles le Chauve ! Leur dénominateur commun l'écriture. A vous de voir si une filiation pourraient s'établir entre le mystérieux graffiti de l'abominable homme de Java et l'un des caractères de ces alphabets. Pour couronner le tout, sur la voûte déploient des volutes de mots et des signes qui chacun dans leur langue scande le vocable "monde". Assurément ce tour du monde se fera en moins de quatre-vingt jours, comptez plutôt en minutes et le compte sera bon. Bonne visite.

En savoir plus : Homo erectus : graveur de coquilles publié dans le n°496 de La Recherche, daté février en vente depuis le 22 janvier
Les écritures du monde se rencontrent à la station Saint-Germain-des-Prés (ligne 4) jusqu'au 31 mars
C-album : good design