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5.10.15

Adobe ou la logique du Locataire ?

Quand la couleur des interfaces vire au noir…  le côté obscur d'Adobe ?

Abus de position dominante. Est-ce que vous vous souvenez du film de Roman Polansky, Le locataire ? Un film si envoutant, si machiavélique qu'il vous prend peu à peu à son parti et ne vous lâche plus jusqu'à vous anéantir. Le beau diable polonais qui nous avait déjà fait bondir avec son Bal des vampires s'était entouré pour la circonstance d'une dream team, qui mit tout son savoir-faire et son talent à cette entreprise de déstabilisation (par ordre d'apparition : Roland Topor, dans le rôle du grand maître de cérémonie avec son roman Le locataire chimérique, Gérard Brach et Roman Polansky qui en signèrent l'adaptation, Roman Polansky himself dans le rôle titre de Trelkovsky avec Isabelle Adjani dans celui de Stella, plus une ribambelle d'acteurs français de l'époque, toutes générations confondues puisqu'on y retrouve des figures émergentes de la bande du Splendid avec Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Michel Blanc, mêlées à des vieux briscards de la qualité française comme Bernard Fresson ou Claude Dauphin. Evidemment tous ceux qui parmi vous ne l'ont pas vu, peuvent rester dubitatifs, voire incrédules quant à un éventuel lien du géant de l'industrie des logiciels Adobe avec cette affaire de pure cinéphilie. Alors venons-en aux faits qui vous le verrez, sont tout à fait explicites. Un locataire comme vous et moi, récupère un appartement dans des circonstances un peu particulières : il s'est libéré parce que sa dernière occupante vient de mourir à l'hôpital après s'être jetée par la fenêtre. Peu à peu, cette histoire tragique va reprendre le dessus et conduire le nouvel arrivant à se confondre peu à peu avec cette femme. Tout concoure dans l'environnement à installer un climat de paranoïa aigu, qui va rendre Trelkovsky fou au point de commettre l'irréparable. Cela va commencer par le tabac d'en face, où il vient prendre tous les matins un petit noir et un paquet de Gauloises. Lorsque le garçon lui amène la première fois son café et un paquet de blondes, il proteste et réclame son paquet bleu. Mais la scène va se répéter tous les matins. Chaque fois le garçon lui amènera avec une obstination quasi métronomique le même paquet de cigarettes blondes. De guère lasse, un jour il finit par prendre le paquet, l'ouvre et en fume une. Et dorénavant il ne fumera plus que ces cigarettes-là. Cette première abdication sera le début d'une longue dégringolade qui provoquera sa perte.
Adobe, qui n'a rien à voir à les industries tabagières au demeurant, vend du logiciel graphique et se fait fort de compter plus de cinq millions d'abonnés à sa dernière Créative Cloud. Elle a basculé depuis plusieurs années la couleur de l'interface de sa suite logicielle en noir, et a imposé un service d'abonnement à ses clients. Restent aux utilisateurs attachés à leurs vieilles habitudes datant des débuts de la Pao sous Apple, la possibilité d'aller fouiller dans les préférences de ces nouvelles applications et de revenir au gris clair, la couleur identitaire du vent de liberté qu'avait apporté ce nouvel outil le Macintosh (Think different). Viendra certainement un temps où cette possibilité ne nous sera plus même plus offerte.

Comme si vous y étiez…     du flat design avant l'heure !
Alors en attendant que le grand rideau noir nous tombe sur la tête, jouons la petite montre, celle qui s'affichait durant les phases d'attente et revisitons dans la foulée toutes les autres petites icônes en pixels de cette interface révolutionnaire. Leur design conçu par Susan Kare, une graphiste un peu tombée dans l'oubli contribua largement au succès du Mac. Malheureusement ériger la nostalgie en rempart contre la toute-puissance de notre principal fournisseur de logiciels n'aura aucun effet. Nous n'avons fait pas fini d'avaler des couleuvres à l'insu de notre plein gré. Car la logique d'Adobe sous couvert de nous fournir de merveilleux petits jouets de plus en plus sophistiqués s'apparente sans plus aucun doute à celle d'un propriétaire, maniant avec un sens aigu des affaires, le carotte et le tiroir-caisse !

En savoir plus :
Voir ou revoir Le locataire en DVD ;
Susan Kare, user interface graphics.