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20.1.15

Charlie hebdo à terre… Le business continue

Très vite mis en vente en ligne sur e-bay au plus offrant !




Collector. Mercredi 14 janvier à 9 h 15, il était déjà impossible de trouver le moindre exemplaire de Charlie-hebdo dans les kiosques parisiens. Achat compulsif, geste solidaire, acte fétichiste ou vil petit business spéculatif, chacun s'y reconnaîtra à l'aune de sa probité et de son engagement citoyen. Une heure plus tard apparaissaient les premières enchères sur e-bay qui n'ont cessé de grimper depuis. L'une d'entre elles affichait dans l'après-midi le montant improbable de 100 000 euros avec la simple mention très bon état ! Second degré ? Non je n'ai pas pu vérifier mais pencherais plutôt pour une sinistre illustration de la loi de l'offre et de la demande, s'il y en avait besoin.

Charlie-Hebdo remplaca l'Hebdo Hara-Kiri
interdit par le ministère de l'intérieur
après sa Une sur la mort du général de Gaulle
et fut promis au bel avenir que l'on sait !
Alors dans ce contexte de grande fébrilité, la réception inattendue dans ma boîte-mail d'un pdf avec l'intégralité des pages du premier numéro de Charlie Hebdo du 23 novembre 1970 tomba à pic et calma mon impatience. L'occasion m'était donné de faire un peu d'histoire sur la liberté présumée de la presse (une conquête somme toute assez récente) puis d'apprécier cet objet imprimé avec tous ses attributs typographiques bien datés, celui d'un temps qui ne connaissait pas encore les facilités de la P.A.O. et qui produisait des journaux avec les moyens de l'époque, la photocomposition et les lettres-transfert, de l'Helvetica plus bâton tu meurs, et au final un 4 pages avec un juste un soupçon de couleur la seule Une, des dessins et des articles juxtaposés sans grâce, un éditing réduit à la plus simple expression Titre + texte courant + exergue, des approches aléatoires, et une composition pleine d'irrégularités dans la gestion des blancs entre les mots. Bref une feuille de chou bricolée dont la forme n'avait que peu d'intérêt. Seuls importaient la virulence des diatribes d'un Cavanna ou la modernité foutraque des dessins faussement baclés d'un Reiser. No design mais de la gueule, enragée de surcroit !

Quelques années plus tard, Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique revenait à la charge dans un éditorial de janvier 1995, pointant du doigt toutes ces nouvelles formules de journaux qui proposaient grosso modo la même soupe, sous couvert d'un nouvel emballage. " La presse écrite, écrivait-il, se livre pieds et poings liés aux maquetteurs et part du principe qu'il suffit de changer de maquette pour tout aille mieux, sans réelle réflexion sur le fond.  La maquette est devenue incontestable. […] comme si les gens n'avaient plus envie de lire. Voir leur suffirait." Le constat reste d'une extrême pertinence même si je n'ai pas vocation à tirer contre mon camp… La tendance s'est amplifiée sans aucun doute, le paraître prenant le dessus sur le discours.

Que font les polices ?
Et pour revenir au commerce, la seule valeur qui tienne et qui s'impose à tous, à l'insu de notre plein gré, les margoulins et les cyniques ne nous ont pas attendus pour poursuivre leurs petites affaires. Joachim Roncin, directeur artistique et créateur du logo "Je suis Charlie" a bien précisé que son message et son image étaient libres de toute utilisation non mercantile. Qu'à cela ne tienne, l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) a été l'objet d'une cinquantaine de demandes de dépôt de marque éponyme !

Bonus : La première mort de Charlie hebdo en 1982 avec Cavanna, Wolinslki, Siné, Gébé, Willem et d'autres chez Michel Polac pour un Droit de réponse mémorable