1.8.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (3)

Dream team. Sur les bancs de touche, il y a foultitude de talents qui rongent leur frein, pas encore sous la lumière des projecteurs. Inexpérience, maladresse ou négligence il faut reconnaitre qu'ils savent pas toujours se mettre en valeur, à l'image de la photo qui accompagne leur profil, dont le message littéral peut être tout à fait négatif. La petite exploration estivale du trombinoscope de Linkedin se poursuit à la mitan de cet été avec cette semaine les familles... des mieux coiffés (tout se discute) de ceux qui ont besoin de se prendre la tête (ils sont malheureusement assez nombreux) et des premiers de la classe (ceux-là, on n'y échappe pas et on les aime pour leur exaspérante assurance).


Les coiffeurs nous le disent volontiers, ce sont les joueurs de football qui inventent les tendances en matière de mode capillaire. Nos héros du stade adorent afficher des coiffures aussi virtuoses que leurs maîtrises du ballon rond. Les looks sont à géométrie variable, adeptes tout à la fois de la tondeuse et de la queue de cheval. Sur le terrain moins flamboyant de l'entreprise votre coiffage doit être approprié à votre image, à votre niveau de responsabilité et le soin que vous y apportez est révélateur non pas de votre narcissisme mais de votre attention aux autres. Carton jaune pour les mal-peignés, pour les épaules pelliculées (elles font tâche) ou pour les racines blanches qui apparaissent au ras de votre crâne, faute d'une coloration non renouvelée dans les délais (elles font tâche, aussi !). Après vient la question de la longueur du poil... Ici comme en témoigne notre échantillon tous les goûts sont dans la nature, du bol monastique à la crinière baladeuse... Visiblement la gente masculine a encore une marge de progression notable. À vos ciseaux !


La main est-elle votre meilleure amie ? Ou votre plus fidèle outil ? Assurément, mais delà à vouloir en faire votre image de marque, attention vous risquez la faute... l'arbitre ne vous fera pas de cadeau et il aura bien raison. Toutes ces images avec une main qui vient se saisir de votre tête ne peut se lire autrement qu'à ce premier niveau littéral : je me prends la tête. Et pas de circonstances atténuantes, qu'elle vienne d'en haut, d'en bas ou de nulle part, qu'elle soit associée à une expression douce-amère ou inspirée, le message inconscient reste toujours le même : la prise de tête effective. Là encore ses adeptes en ligne sont légions. Au secours, fuyons ! Ils nous donnent déjà la migraine !


Et puis il y a le rang des cadors. Des premiers de la classe ou supposés comme tels. Ils sont toujours impeccables, très propres sur eux et arborent un mine satisfaite, suffisante, presqu'agaçante parfois tellement tout a l'air d'aller de soi comme si l'existence n'était qu'un jeu dont ils maîtrisaient parfaitement la coolitude. Derrière ce masque trop lisse pour être honnête, se cache toute une série de profils allant du plus vicieux des arrivistes aux purs fayots toujours à l'affut d'une bonne promotion en passant par les redresseurs de tort qui jouissent à humilier leurs troupes. Mais revenons plutôt au stade, rappelez-vous quand l'attaquant arrêté dans la surface de réparation s'effondre, il en fait des tonnes ne lésinant pas sur la surenchère ni sur l'emphase, avec le seul objectif de tromper l'arbitre et d'obtenir un pénalty. Tout cela n'est en fait que comédie. Alors ne vous laisser plus duper par les premiers de la classe : ils consacrent l'essentiel de leur énergie et de leur autorité à vous faire croire qu'ils sont meilleurs que vous et ça marche !
À suivre…

25.7.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (2)

Pochettes surprises. On trouve de tout sur linkedin, des bobines de tout poil, des échevelés, des esseulés ou des intrépides qui n'hésitent pas à s'afficher sous des jours extravagants, outrés, ou carrément voilés. Aujourd'hui pour poursuivre notre petit tour d'horizon, nous nous intéresserons tout d'abord à ceux qui n'ont pas peur de jouer les méchants, façon Sergio Leone. Ensuite à ceux qui pour qui le speed est un moteur de vie... presqu'au bord de la crise de nerf, façon Almodovar. Et enfin à la catégorie des outcast ou "erreur de casting", façon Deschiens 3615 qui n'en veut. Faites-vos jeux…


Regards durs, expressions crispées, mâchoires serrés, ça ne rigole pas et l'air n'est pas à la fête. Ici on entre dans la catégorie des méchants ou des "faux méchants" qui ne font pas dans la sensiblerie ou la séduction. Le sourire est à double tranchant et la transpiration plutôt virile, la poignée de main féroce et le croche-patte à craindre. Pas de pitié pour les chiffes molles. Nuage de fumée, poker menteur ? A vous de tester.


Cadrage improbable ou téléphone à la bouche, d'emblée vous savez que vous avez à faire à une boule d'énergie incontrôlable qui fait trois choses à la fois, courre plusieurs lièvres en une matinée et pense déjà à la troisième mi-temps dans un petit bar à la mode au fond du quartier Saint-Blaise dans le 20e arrondissement à Paris et nulle part ailleurs. Accrochez vos ceintures, il faut les suivre... ces phénomènes, rester toujours dans leur course, ne pas mégoter vos horaires car vous êtes à leur merci. Répondre à leur mail comminatoire à 3 heures du matin un dimanche sera votre seule récompense. Crises d'hystérie et burn-out garantis.


Monde de brutes ? Pas si sûr. Il y a toujours dans le lot quelques lunatiques, doux rêveurs et peintres du dimanche qui déboulent dans le cadre, sans qu'on sache très bien pourquoi. Mais leur innocence, leur candeur, leur dévouement rattrapent tout, sauvent la baraque et introduisent un peu d'humanité dans ce monde du travail qu'ils n'arrivent pas à prendre au sérieux ! A suivre…

Bonus : pour rester dans l'air du temps va-t-en guerre, revoir un Deschiens s'avère le meilleur antidote 3615 qui n'en veut - le Militaire. Starring Bruno Lochet et François Morel. Une bonne partie de cette série culte est visible sur Youtube.
Extra Bonus : enfin pour tordre le cou à l'idée reçue qui assimile tout militaire à un sous-doué revanchard, un discours du général MacArthur datant de 1945, épatant !

13.7.16

Feuilleton de l'été : le best-of du trombinoscope de linkedin (1)

Le capitaine Haddock au Tibet, le coming-out de Bartabas et le nain qui monte
sur des échasses, Linkedin sera-t-il le site des profils extrêmes ?

Tiercé gagnant. Avez-vous remarqué combien la qualité des photos affichées par les membres du réseau professionnel Linkedin est disparate ? N'avez-vous jamais été décontenancé par leur hétérogénéité, leur manque d'à-propos, leur mauvaise définition et au final par leur illisibilité ? Au premier abord l'équation ne devrait pas mériter qu'on s'y attarde plus que ça, tant les enjeux paraissent simples et la bonne pratique évidente. Jouer carte sur table et partager la couleur sans détour : il convient d'afficher la photo qui vous ressemble, celle qui vous met en valeur autant que faire se peut, à tout moins lisible tout comme votre profil. Et bien paradoxalement le compte n'y est pas. Du plus mauvais photomaton à la photo de vacances surexposée en passant par la photo-concept tordue, tous les cas de figure apparaissent sur le réseau, à se demander ce qui passe par la tête de nos alter-ego, internautes en mal de reconnaissance professionnelle ?
Ont-ils perdu la boule ? C'est bien possible, pour l'heure je ne résiste pas pour ce nouveau feuilleton de l'été, à vous en proposer une petite typologie. Nous l'égrènerons façon shuffle (en mode d'apparition aléatoire) par petits groupes à chaque nouvelle épisode. Bonne lecture, on ne se moquera pas du voisin, on évitera juste de tomber dans le même panneau... À vos avatars !



Premier cas de figure, les clandestins du réseau. Ceux qui refusent de mettre la moindre photographie dans la case dédiée. Quelque soit leur motivation (poussée d'acné, yeux vairons comme le regretté David B. ou chevilles qui enflent, à l'instar du petit barbier de Séville à l'écharpe rouge qui s'expose sur tous les médias) il faut qu'ils sachent qu'ils se mettent d'emblée hors-jeu, en contrevenant aux codes de base du réseau social fondés sur le partage et la transparence. La première info qu'ils font passer  : circulez, il n'y a rien à voir !  les disqualifient sans appel possible, et tant pis pour eux…  À noter aussi dans cette catégorie, le comble d'une discrétion un peu suspecte : à l'absence de photo vient s'ajouter celle de la fonction... Où veulent-ils en venir ?



Dans la même lignée, il y a les quelques petits malins qui pour éluder la mise en ligne de leur bobine ont eu recours à un artifice, peut-être tout droit sorti d'un mauvais filtre d'Instagram, le flou artistique. Utilisé à des degrés variables autant dans la netteté que dans la gamme de couleurs et même d'accessoires, le résultat est peut-être pire qu'une absence assumée d'image. Il agace et transmet un message littéralement trouble : je suis là sans être là, je ne daigne pas m'exposer à vous, je suis évanescent, etc… Ces interprétations inévitables ne sont pas très valorisantes pour l'émetteur, tout au contraire, encore une fois elles le disqualifient. De grâce ne restez pas dans le flou, positionnez-vous !



Enfin nous avons les plus vicieux qui en rajoutent dans la frustration, voire même dans la provocation. Ces derniers nous les appellerons les aguicheurs. Ils pratiquent différentes formes d'interpellation qui aboutissent toujours au même message : venez deviner qui ce cache derrière le panneau ! Très mauvaise pioche, nous ne sommes pas dans un jeu de séduction ni de devinettes. Le réseau social fonctionne dans l'instantanéité, la rapidité, l'efficacité, le flux tendu. Toute l'info en un seul clic, pas le temps de tourner autour du pot. Tu me fais attendre ? Eh bien, je suis déjà passé au suivant, directement lisible. Dans ce registre on évitera le carton d'invitation faussement enjoué comme cette maladroite qui affiche : please to meet you qui appelle tout naturellement sa suite logique hope you know my name du magnifique et corrosif standard des Rolling Stones Sympathy for the devil !!! À trop faire le malin, on se diabolise à l'insu de son plein gré. Etait-ce bien le but recherché ? J'en doute.
À suivre.

Bonus :  The Rolling Stones performing "Sympathy For The Devil", live at Zilker Park, Austin, Texas 22nd October 2006.

28.10.15

Peintre en lettres, le retour...

Taggeurs?… non des peintres en lettres.

Quand le corps écrit. Qui aurait pu imaginer un jour le retour des peintres en lettres... surtout après l'arrivée massive des imprimantes à découpe sur support autocollant qui raflèrent toute la mise ? Pas grand monde… et pourtant le phénomène se développe un peu partout. Oui, ils sont de retour. Leur art et leur savoir-faire ne s'enorgueillissent pourtant d'aucun titre de noblesse. On ne les appelle pas calligraphe de rues ni graffeur d'enseignes... mais peintres en lettres tout simplement.
Il y a quelques jours devant le centre d'information sur l'Allemagne, en face de l'entrée du Sénat, à quelques mètres du théâtre de l'Odéon et du jardin du Luxembourg, deux hommes s'affairaient autour d'un escabeau, le premier monté en l'air grattait des caractères adhésifs collés sur les vitres à l'aide d'une lame, tandis que l'autre maintenait l'ensemble, solide comme un arc-boutant. Je suis arrêté et ai pris l'imbécile précaution de leur demander l'autorisation de photographier la scène. Ils m'ont renvoyé plutôt rudement, ne comprenant pas la portée haut combien symbolique de ce geste avant-coureur de l'épisode qui allait suivre. Quelques centaines de mètres plus bas, place Saint Sulpice à l'angle de la rue des Canettes, un jeune homme et une fille du même âge s'agitaient devant la grande vitrine latérale du Café de la Mairie, avec moults pinceaux, chiffons et crayon gras. A y regarder de plus près, ils étaient en train de tracer quelque chose. Je suis arrêté encore une fois et n'ai pas pu m'empêcher de les interroger. Oui, ils sont peintres en lettres, et réalisent une commande. Leur patron Jean-Michel Drolon est entrepreneur ! La jeune femme me tendit une carte. Cette petite entreprise exerce, maintient et promeut cette activité de peinture en lettre sous la raison sociale Lettres & Pigments (esperluette comprise). Sa promesse commerciale annonce la couleur sans équivoque : lettres peintes à la main "façon ancienne", décors, fresques. Je les ai laissé à leurs travaux. Quelques jours plus tard, j'ai pu contempler sur la vitrine deux belles inscriptions tracées à la main, Glaces et sorbets Berthillon, Alcools de marque, plus un panneau avec les mentions produits du terroir, patisseries. La messe était dite.
Rue des Canettes, un bistrot bien inspiré.

Mais en quoi, me direz-vous avec raison, cette gentille déco dans ce périmètre ultrachic de la Rive-gauche à Paris vous permet-il d'affirmer la renaissance de cette activité ? Eh bien il se trouve que plusieurs nouveaux arrivants dans la grande famille des graphistes et autres designers graphiques de tout poil se sont pris d'amour pour cette discipline et en particulier Jérôme Sallerin qui pour son Master en didactique visuelle de l'École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg a produit un documentaire passionnant Le corps écrit. Il est allé enquêter et filmer un peu partout dans le monde et a monté un portrait composite de huit acteurs qui pratiquent l'art de tracer des lettres à la main, chacun à leur manière, de la peinture en lettres jusqu'au tatoueur. La bande-annonce est visible sur Viméo. Le phénomène est bien général et touche toutes les grandes nations modernes. Le film qui a été présenté dans son intégralité aux dernières Rencontres internationales de Lure au mois d'août devrait être visible prochainement. Avis aux amateurs et à consommer sans modération.

En savoir plus : Jérôme Sallerin - Portfolio
Le corps écrit - Bande annonce sur Vimeo
Lettres & Pigments - Jean-Michel Drolon
Les Rencontres internationales de Lure 2015
Bonus : Rive gauche - Alain Souchon (pour la chanson, le clip est sans intérêt).

5.10.15

Adobe ou la logique du Locataire ?

Quand la couleur des interfaces vire au noir…  le côté obscur d'Adobe ?

Abus de position dominante. Est-ce que vous vous souvenez du film de Roman Polansky, Le locataire ? Un film si envoutant, si machiavélique qu'il vous prend peu à peu à son parti et ne vous lâche plus jusqu'à vous anéantir. Le beau diable polonais qui nous avait déjà fait bondir avec son Bal des vampires s'était entouré pour la circonstance d'une dream team, qui mit tout son savoir-faire et son talent à cette entreprise de déstabilisation (par ordre d'apparition : Roland Topor, dans le rôle du grand maître de cérémonie avec son roman Le locataire chimérique, Gérard Brach et Roman Polansky qui en signèrent l'adaptation, Roman Polansky himself dans le rôle titre de Trelkovsky avec Isabelle Adjani dans celui de Stella, plus une ribambelle d'acteurs français de l'époque, toutes générations confondues puisqu'on y retrouve des figures émergentes de la bande du Splendid avec Josiane Balasko, Gérard Jugnot et Michel Blanc, mêlées à des vieux briscards de la qualité française comme Bernard Fresson ou Claude Dauphin. Evidemment tous ceux qui parmi vous ne l'ont pas vu, peuvent rester dubitatifs, voire incrédules quant à un éventuel lien du géant de l'industrie des logiciels Adobe avec cette affaire de pure cinéphilie. Alors venons-en aux faits qui vous le verrez, sont tout à fait explicites. Un locataire comme vous et moi, récupère un appartement dans des circonstances un peu particulières : il s'est libéré parce que sa dernière occupante vient de mourir à l'hôpital après s'être jetée par la fenêtre. Peu à peu, cette histoire tragique va reprendre le dessus et conduire le nouvel arrivant à se confondre peu à peu avec cette femme. Tout concoure dans l'environnement à installer un climat de paranoïa aigu, qui va rendre Trelkovsky fou au point de commettre l'irréparable. Cela va commencer par le tabac d'en face, où il vient prendre tous les matins un petit noir et un paquet de Gauloises. Lorsque le garçon lui amène la première fois son café et un paquet de blondes, il proteste et réclame son paquet bleu. Mais la scène va se répéter tous les matins. Chaque fois le garçon lui amènera avec une obstination quasi métronomique le même paquet de cigarettes blondes. De guère lasse, un jour il finit par prendre le paquet, l'ouvre et en fume une. Et dorénavant il ne fumera plus que ces cigarettes-là. Cette première abdication sera le début d'une longue dégringolade qui provoquera sa perte.
Adobe, qui n'a rien à voir à les industries tabagières au demeurant, vend du logiciel graphique et se fait fort de compter plus de cinq millions d'abonnés à sa dernière Créative Cloud. Elle a basculé depuis plusieurs années la couleur de l'interface de sa suite logicielle en noir, et a imposé un service d'abonnement à ses clients. Restent aux utilisateurs attachés à leurs vieilles habitudes datant des débuts de la Pao sous Apple, la possibilité d'aller fouiller dans les préférences de ces nouvelles applications et de revenir au gris clair, la couleur identitaire du vent de liberté qu'avait apporté ce nouvel outil le Macintosh (Think different). Viendra certainement un temps où cette possibilité ne nous sera plus même plus offerte.

Comme si vous y étiez…     du flat design avant l'heure !
Alors en attendant que le grand rideau noir nous tombe sur la tête, jouons la petite montre, celle qui s'affichait durant les phases d'attente et revisitons dans la foulée toutes les autres petites icônes en pixels de cette interface révolutionnaire. Leur design conçu par Susan Kare, une graphiste un peu tombée dans l'oubli contribua largement au succès du Mac. Malheureusement ériger la nostalgie en rempart contre la toute-puissance de notre principal fournisseur de logiciels n'aura aucun effet. Nous n'avons fait pas fini d'avaler des couleuvres à l'insu de notre plein gré. Car la logique d'Adobe sous couvert de nous fournir de merveilleux petits jouets de plus en plus sophistiqués s'apparente sans plus aucun doute à celle d'un propriétaire, maniant avec un sens aigu des affaires, le carotte et le tiroir-caisse !

En savoir plus :
Voir ou revoir Le locataire en DVD ;
Susan Kare, user interface graphics.

15.9.15

Les media français boycottent-ils la mort d'Adrian Frutiger ?

Libération qui est certainement le journal le plus typé typo n'en a eu cure


Requiem. "Le secret d'une bonne écriture réside dans une subtile adéquation des lettre les unes aux autres, faite de contrastes mais aussi d'affinités. Il est fondé sur le rythme simple entre espaces blancs et traits noirs. L'œil glisse sur une ligne d'écriture". Ainsi parlait en 2002, Adrian Frutiger, l'un des plus grands créateurs de caractères contemporains. Ce géant de la typographie et du dessin de caractères vient de mourir le 12 septembre à l'âge de 87 ans dans un silence médiatique le plus total. Assourdissant, devrais-je dire. Ni Le Monde, Le Figaro et Libération n'en ont pas parlé. J'ai fait chauffer leurs moteurs de recherche mais sans grand résultat. Si l'inculture est patente, la faute d'ignorance avérée, il y a aussi une grande ingratitude de la part de ces grands pourvoyeurs d'informations dont le recours à la lettre et son dessin relève d'un lien presque ombilical.
Ombilical ? Je veux dire en jargonnant un peu : consubstantiel à leur activité même. Car les mots, ceux-là même qui s'affichent sous vos yeux, sont d'abord composés à partir de polices de caractères qui ne sont pas tombées du ciel, ni de nulle part. Toutes leurs caractéristiques ont été soigneusement pensées, puis dessinées avec une quête constante de perfection dans leurs contours, leurs contre-formes et leurs multiples détails, de façon à ce que l'œil les remarque et les capte avec la plus grande facilité dans une forme de complicité aveugle ! Un comble, ou un oxymore tout à la fois. Comme par exemple la fonte utilisée ici le Trebuchet, une linéale (bâton) humaniste créée par Vincent Connare pour Microsoft en 1996, selon un cahier des charges très précis qui exigeait une lisibilité optimale sur écran et sur papier.

Quelles archives, mais rien sur le 12 septembre
Zéro pointé




Mais revenons plutôt à nos bâtons. Frutiger appartenait à cette génération d'anciens, peu nombreux, capables de dessiner intégralement à la main l'ensemble des signes et caractères constitutifs d'une police. Avec toutes ses variantes (étroitisée ou élargie) et ses déclinaisons selon les graisses (du maigre, à l'extra-gras en passant par toutes les italiques) il ne va pas sans dire que cela représente un travail de Titan, voire de deux Titans. Cet infatigable marathonien nous a légué 28 polices de caractères au bas mot, dont certaines sont des devenus des grands standards, comme par exemple l'Univers, l'Avant-garde, le Frutiger ou l'OCR-B. Elles sont partout, en particulier sur les panneaux de signalisation des autoroutes, ceux-là même qui nous conduiront sans aucun doute possible à notre prochaine destination : les bords du lac de Chambéry où Adrian Frutiger vécut une bonne partie de sa vie. L'homme à ses moments perdus aimait à y observer des drosophiles, ces petites mouches du vinaigre très apprécié des généticiens mais aussi des plus grands des créateurs de caractères CQFD !

En savoir plus : Un dossier complet et très bien documenté produit par le site suisse Caractères : http://caracteres.ch/adrian-frutiger/
Adrian Frutiger  fr.wikipedia.org/wiki/Adrian_Frutiger
Les grandes dates de la typographie : Le typoscope
Le cobaye par excellence : fr.wikipedia.org/wiki/Drosophile
Adrian Frutiger un maître de l'Univers, bel hommage de Télérama (mieux vaut tard que jamais) dans son édition du 23-09 (n°3428) en p.14


7.9.15

La rentrée littéraire sous le bandeau

PLV (publicité sur le lieu de vente). Je me rappelle l'époque où j'officiais dans un des studios les plus créatifs en matière de couverture de livre sur la place de Paris, l'Atelier Pascal Vercken. Lorsqu'un éditeur nous appelait en catastrophe et nous demandait un bandeau pour la couverture d'un livre dont nous avions assuré la réalisation, l'exercice relevait de la corvée, voire de la punition car il bouzillait sans vergogne l'harmonie, l'équilibre de la maquette que nous avions si soigneusement mise au point. Comme il était trop tard pour tout changer, le bandeau s'imposait à nous comme le coup de tampon sur le timbre-poste qui frappe au hasard. Appendice commercial incontournable, il venait embrasser de ses deux rabats le pied de la couverture avec la charge d'en assurer la promotion et l'espoir de lui donner une meilleure visibilité face à ses voisins en libraire. La plupart du temps le nom de l'auteur et de son éditeur apparaissaient sur un fond rouge, écrits en grosses lettres blanches dans un caractère bâton.
A quand remonte cette pratique, je n'en ai aucune idée et pourtant elle n'a pas toujours fini d'emmerder le monde si vous me permettez l'expression ! D'abord les graphistes comme on vient de le voir, suivis des imprimeurs, puis des libraires qui s'escriment à ne pas les déchirer lorsqu'ils les manipulent en pile et enfin les lecteurs qui ne savent plus quoi en faire, une fois qu'ils ont payé leur du. Alors à quoi donc peuvent-ils bien servir ces foutus bandeaux ? La réponse se fait toujours attendre... des éditeurs qui dans une constance presque pavlovienne récidivent tous les ans. Aventurez-vous dans une librairie, particulièrement en cette rentrée littéraire qui affiche 589 nouveautés au compteur, vous en trouverez à foison. Rien ne vaut un test grandeur nature. Lorsque je franchis vendredi dernier, le seuil de la librairie l'Arbre à lettres dans le 14e arrondissement à Paris, quelle ne fut pas ma surprise de constater que ces bandes de papier ne ressemblaient plus du tout à ce que j'en connaissais de l'époque. Elles avaient pris des couleurs (de toutes les couleurs), jouaient librement avec la typographie, affichaient de vraies photographies et non pas de simples photos d'identité, certaines même poussaient le bouchon jusqu'à afficher du dessin ou de l'illustration. Petite revue de détail.

Quelques exemples au hasard subrepticement clichés avec mon smartphone


Si l'on peut s'autoriser un rapprochement avec le monde du sport (hardi j'en conviens), tout cela a l'air de fonctionner exactement comme au foot-ball avec les maillots des joueurs dont les couleurs correspondent aux clubs auxquels ils appartiennent. Par exemple un auteur des éditions de Minuit (affublé d'un bandeau bleu de prusse reconnaissable entre tous) ne pourra se confondre avec un auteur des éditions Julliard fidèle au vert depuis des lustres, un couleur qui pourtant porte le poisse selon la croyance populaire. Dans le lot, il y a aussi quelques frimeurs qui jouent dans la surenchère presque bling-bling à n'en pas douter, comme les éditions du Seuil, porteurs d'un brassard rouge avec des lettres gauffrées d'un bel argenté. D'autres encore, donnent dans le conceptuel presque godardien comme les éditions Jean-Claude Lattès qui ont produit une belle couverture exclusivement typographique et lui ont adjoint un bandeau avec une image plein pot sans la moindre mention. De son côté, la vieille maison Gallimard relève haut la main le défi, dans un mix tonique, mêlant photographie, dessin et écriture manuscrite (façon Dupuy Berberian) pour toute son écurie. Et pour finir ce petit tour d'horizon, les éditions Stock qui ont pris le parti depuis deux ans de faire illustrer les bandeaux de leur collection roman par des étudiants de l'École nationale Supérieure des Arts décoratifs. Y apparait la tête de l'auteur, traitée dans un dessin monochrome et ce traitement singulier apporte une vraie différenciation et une connotation arty des plus plaisantes. Si la recette fonctionne, il faut souligner au passage que ces partenariats avec des étudiants sont peu, voire pas du tout rémunérés et qu'une mise en avant éphémère ne saurait justifier l'équation d'un échange de bons procédés sans y inclure une juste et pleine rémunération.
A la fin d'un match de foot-ball, les joueurs en nage échangent une accolade et leurs maillots. En quittant la librairie, j'étais dans le même état d'excitation et d'épuisement. Je n'ai pas voulu manquer à la tradition. Alors j'ai subrepticement interverti plusieurs bandeaux, je ne vous dirais pas lesquels (c'est très ludique et produit des télescopages impertinents). Je vous encourage à faire de même. Les libraires, beaux joueurs nous pardonneront ! Et qui sait peut-être que la vente des livres s'en portera pas plus mal…

10.6.15

Milan, expo universelle : 2 cartons jaunes pour la France

L'intérieur du pavillon français avec en bas, à droite la dalle-écran controversée

Rappel des faits. Cette grande manifestation internationale qui se déploie sur plus de 110 hectares (l'équivalent de 151 terrains de football) à la périphérie de Milan jusqu'à la fin du mois d'octobre accueille 145 nations qui ont répondu présentes à l'appel du thème : "nourrir la planète, énergie pour la vie". Le cahier des charges consiste à construire un pavillon et à y dresser inside (restons dans la thématique) une grande table avec ses recettes ou solutions durables pour assurer la moins mauvaise tambouille au plus grand nombre (et ça se bousculera au portillon environ 8 milliards de terriens en 2025)...

On ne s'étonnera pas
de détester les artichauds !
Venons-en maintenant à l'objet du délit : le pavillon français. Pour y accéder, il faut tout d'abord passer par un jardin botanique où sont présentés dans une forme de labyrinthe, tous les spécimens de plantes qui poussent dans l'hexagone et qui contribuent à notre alimentation si diversifiée. Cela va du plus trivial navet à la plus extravagante cucurbitacée en passant par toute la gamme courante des céréales et autres graminés. Jusque-là rien à redire, mais on ne sait pas pourquoi il a fallu qu'on nous gratifie à l'entrée de ce parcours champêtre d'une infame sculpture façon Jeff Koons d'un certain Patrick Laroche qui nous dit-on adore les végétables et les sculpte depuis l'âge de 15 ans. Meilleur ouvrier de France, il n'en est pas à son coup premier essai. Bien mal lui en a pris car cette assemblage de trois artichauds géants tricolores est du bien plus mauvais effet, piètre copie du géant américain, roi du kitch dont on a pu admirer les œuvres en ce début d'année au centre Georges Pompidou.

Si la contrariété est effective, la faute de goût flagrante (premier carton), elle n'invalide heureusement pas la visite intérieure du pavillon et de son ingénieuse scénographie. Bâti comme une gigantesque charpente mouvante il s'apparente à un grenier à l'intérieur duquel sont suspendues, accrochées de toutes parts, les ressources solides ou liquides produites en nos terroirs ainsi que les ustensiles nécessaires à leurs préparations. La contemplation se passe dans les airs et ravit nos papilles, car contrairement à bien d'autres contributions qui utilisent des médiateurs virtuels, nous avons ici à faire aux vrais objets, aux produits tels qu'on pourrait les trouver sur les étals d'un marché. Les allées sont larges, la progression facile. Voilà pour le décor. Un discours sur la problématique alimentaire, les conditions de production, l'optimisation des ressources des sols, la traçabilité des produits, les usages et bonnes pratiques, les nouveaux modes de consommation, etc, se déclinent sur cinq dalles-écrans posées sur des remorques, disposées tout au long du parcours.

No comprendo ???
Ces didactitiels animés sont commentés en français et sous-titrés en français, anglais et espagnol. Jusque-là rien à redire non plus, sauf qu'à y regarder de plus près le dispositif ne fonctionne absolument pas. Les visiteurs passent devant sans y prêter la moindre attention et perdent toute la valeur ajoutée de la proposition française pour n'en garder qu'une vision anecdotique, culinaire voire folklorique. Deuxième carton, car ici le design lourdement a failli. Des erreurs de débutants autant dans le positionnement des écrans et que dans la lisibilité des sous-titrages. Affichés dans des couleurs peu lisibles et posés sur un bord latéral de l'écran principal, l'œil ne les voit pas et glisse sur le visuel comme à la patinoire ! Papatras, c'est assez rageant de voir défiler des cohortes de visiteurs dans l'incapacitié de rentrer dans le propos pourtant tout à fait pertinent. Après on pourrait poursuivre l'analyse et se demander si en de tels environnements l'usage de notre langue nationale est la plus appropriée. D'autres pays participants n'ont pas hésité à se faire introduire par une pulpeuse italienne, tandis que d'autres encore, plus modernes ou malins, ont réussi par d'étonnants dispositifs interactifs et ludiques à proposer des supports multilingues individualisés. Il est assez excitant pour un professionnel de la communication d'observer in situ comment des dispositifs si soignés soient-ils fonctionnent ou ne fonctionnent pas. Je vous invite à y faire une ronde. Dernier service le 31 octobre. Ciao.

Bonus : pour les amoureux du design et de la mode, Milan ne vous décevra pas avec entre autres, son Triennale Design Museum, ses innombrables showrooms et surtout la Casa Fornasetti, maison-atelier du décorateur Piero Fornasetti, dont on peut encore admirer l'immense talent et l'exubérante prolixité au Musée des arts décoratifs à Paris jusqu'au 14 juin.


2.6.15

Beau comme Bowie

Let's dance à la Philarmonie de Paris © vsfg

Rock'n'roll suicide. Je m'imaginais pas en septembre 1972 que l'huluberlu barbu qui gesticulait une jambe en l'air avec sa guitare sur la pochette noire d'un 33 tours serait l'objet d'une grande exposition rétrospective chez moi, à Paris, quelques quarante ans plus tard dans un bâtiment flambant neuf !

Je ne pouvais pas non plus imaginer que la professeur d'anglais de la seconde littéraire que j'entamais à la même époque au lycée Henri IV nous proposerait d'écouter en cours un disque de pop anglaise "The man who sold the world" d'un certain David Bowie, inconnu au bataillon et que cette rencontre musicale allait m'accompagner pendant tant d'années durant. Je pouvais encore moins imaginer que le nom de cette prof "Cahuzac" si droite et exemplaire dans la conduite de sa classe, si moderne dans sa pédagogie prendrait un tout autre relief lorsque quatre décennies plus tard son fils devint le premier ministre du budget de la République, à mentir devant la nation tout entière, niant posséder un compte secret à l'étranger pour échapper à l'impôt. Pas très rock'nroll le petit Jérôme Cahuzac !

L'histoire ne s'arrêta pas là. Pouvais-je un seul instant imaginer que la chanson éponyme allait devenir un standard repris en 1994 par Kurt Kobain et Nivarna, largement médiatisé par MTV puis gravé sur un disque live mémorable "Unplugged in New York" ?


 […]
Who knows ? Not me
I never lost control
You're face to face
With the Man who Sold the World
[…]



Enfin comment aurais-je pu imaginer que ce balladin loufoque aux yeux faussement vairons nous amenerait dans les étoiles d'une célébrité protéiforme, qu'il n'allait pas cesser de produire une œuvre kaléidoscopique transgenre, en inventant au passage toute une série d'avatars dont le plus emblématique Ziggy Stardust eut bien du mal à s'éteindre. La poste anglaise contribua à entretenir sa légende. La Royal Mail hautement recommandable pour la qualité constante du design de ses productions publia en 2010, une très belle série de timbres sur les dix groupes ou artistes qui marquèrent l'histoire de la pop musique de la fin du siècle dernier avec dans la lot la pochette de son plus album le plus marquant The rise and  fall of Ziggy Stardust and the spiders from Mars (ci-dessous).

L'expo à la Philarmonie vient de fermer ses portes après avoir accueilli plus de 1 million de visiteurs de part le monde. J'y ai retrouvé le même émerveillement initial et découvert que le temps avait nourri de sens des temps plus anciens qui m'appartiennent oh combien encore. Déjà passée par Londres, Berlin, Chicago, ce belle aventure humaine devrait poursuivre son tour du monde et prochainement s'installer à Melbourne.
Avis aux retardataires fortunés.

En savoir plus : 2 articles publiés
par les Inrocks.
> Dans les entrailles de l'expo
"David Bowie is" à Paris

> Expo "David Bowie is" : un pari réussi
A (ré)écouter : Nirvana
The man who sold the world

A découvrir : la série de timbres éditée
par la Royal Mail
 

 

26.3.15

Au Salon du Livre j'ai pris un Book expresso

3 minutes 30 chrono, impression et façonnage compris © vsfg
 La fin du pilon. Faute de pouvoir les conserver car garder du livre en réserve coûte trop d'argent, le devenir des invendus a toujours été pour les éditeurs un dilemme cornélien. Faut-il les vendre à vil prix à des soldeurs ou les envoyer au pilon ? Dans un cas, brader la came comme s'il s'agissait d'une vulgaire marchandise de peu valeur. Dans l'autre envoyer à la destruction ces objets de connaissances qui depuis Gutemberg n'ont cessé de nous faire rêver, apprendre, connaître ou vibrer.

Ad nauseam par Tania Mouraud au Mac/Val
Les rares privilégiés qui ont eu la chance de pénétrer dans la gigantesque installation vidéo Ad nauseam montée par l'artiste Tania Mouraud jusqu'en janvier dernier au Mac/Val de Vitry-sur-Seine ne me contrediront pas et pourraient même témoigner de la barbarie de l'opération. Au fond d'un obscur entrepôt étaient projetés sur trois écrans côte-à-côte les images de cette mise à mort, déchargement par benne entière de livres en vrac sans distinction, Beckett côtoyant Marc Levy, chargement sur un tapis roulant qui les conduit dans une déchiqueteuse géante avant une grande lessive pour un retour programmé à l'état de feuille immaculée, prête à une nouvelle vie.

Je m'imaginais pas en me rendant au Salon du Livre le week-end dernier que j'y entr'apercevrais la fin probable de ce cauchemar. J'y ai découvert en effet au stand des PUF (Presses universitaires de France) une bien étonnante machine capable de produire du livre à l'unité, à partir d'un fichier numérique, en quelques minutes, impression et façonnage compris. Tous les espoirs sont donc permis. Si dans un premier temps ce type d'impression sera destiné essentiellement à fournir à des lecteurs des livres épuisés, on peut imaginer dans un avenir plus ou moins proche la fin des tirages à l'aveugle et par voie de conséquence celle du pilonnage.

Pluggé sur une imprimante et en un clic et c'est parti...
De la même façon, si l'on extrapole pour la presse dont la mise en place sur les pointes de vente et ensuite le rapatriement des invendus génèrent d'importants coûts structurels et un immense gâchis particulièrement désastreux en terme de bilan carbone, on pourrait imaginer un large réseau décentralisé d'unités d'impression de ce type qui imprimerait à la commande l'exemplaire de votre magazine préféré que vous auriez préalablement visualisé sur une borne numérique ou sur internet.

Un polar ! Bonne lecture...
L'éditeur imprimera exactement le nombre d'exemplaires qui lui auront été achété ni plus ni moins. Quelques détails techniques restent à améliorer pour rendre ce dispositif opérationnel en particulier sur le papier (trop standardisé à ce stade et limité à un format maximun de 20 par 28 cm), également sur le bon traitement de la couleur et sur le coût. Mais si la demande développe, il n'y a aucune raison de ne pas espérer, car la technique produit toujours des petits miracles (à suivre).

Bonus : Tania Mouraud une rétrospective au centre Pompidou-Metz du 4 mars au 5 octobre 2015
Le Fablab Ireneo ou l'impression immédiate du livre