3.3.15

Pour la saint Valentin, offrez du Chanel n°5 à votre imprimante !

I4 ans et déjà son quart d'heure de célébrité
Hard discount. Cela ne vous coutera pas plus cher que votre cartouche d'encre habituelle dont le prix pour 100 ml dépasse largement celui de votre parfum de marque préféré ! C'est l'effarant constat qu'un jeune collégien américain Suvir Mirchandani a établi dans une étude qu'il a mené sur le business très lucratif des consommables d'imprimantes.
La firme Gillette qui commercialisa en 1971 les premiers rasoirs à double lame fut l'une des pionnières en ce domaine. L'idée était très simple : on met à la portée du consommateur à un prix très attractif un appareil d'usage courant à avec si possible un peu de valeur ajoutée et on se rattrape sur le prix de vente des consommables que l'on aura préalablement protégés par une ribambelle de brevets internationaux. L'exemple le plus frappant de ces dernières années vient de Suisse ! De la multinationale Nestlé en l'occurrence qui a embrayé le pas en lançant la mode de l'expresso en capsules. Rappelez-vous : elle a commercialisé dès 1991 ces petits percolateurs joliment design qui ont envahi nos cuisines et qui ne fonctionnent qu'avec des capsules de sa marque Nespresso à un prix unitaire d'environ 40 centimes. Jusque-là, la qualité était au rendez-vous et la dégustation plutôt savoureuse. Mais le recours à une calculette et le résultat d'une petite règle de trois firent brutalement monter l'amertune : l'addition s'élève à 70 euros le kilo ! C'est un peu fort de café ! Le constat est du même tonneau pour nos petites cartouches d'imprimantes toutes marques confondues si l'on en croit la très sérieuse enquête de notre jeune américain déjà cité, publiée dans le Journal for Emerging Investigators qui établit un prix moyen au litre d'environ 1600 € ! Suvir Mirchandani fort de ce premier résultat, a cherché un moyen de réduire le coût de la consommation d'encre. Peut-être inspiré par la classification typographique de Francis Thibaudeau qui classe les caractères en fonction de leur empattement (les petites extensions qui forment leur terminaison) il a mis en parallèle des caractères elzéviriens (à empattement triangulaire) comme le Times New Roman et le Garamond, avec des caractères Antique (c'est-à-dire sans empatement, ou sans sérif, communément appelés bâton) comme le Century Gothic et l'incontournable Comics Sans. Le match contre toute attente ne tourna pas à l'avantage des modernes. Les anciens dont le dessin s'inspirent des pleins et des déliés des écritures tracées à la plume utilisent sensiblement moins d'encre que les caractères bâton dont le trait reste uniforme dans toutes ses déclinaisons... A l'échelle du gouvernement fédéral américain le remplacement systématique des polices bâton par des polices elzéviriennes pourrait générer d'énormes économies.

© Survi Marchandani et Peter Pinko / Journal of Emerging Investigators
Bonne nouvelle donc pour la vulgate des graphistes du dimanche, émerge un nouveau critère discriminant pour le choix d'une police de caractère dans lequel n'est plus pris en compte ni sa lisibilité ni son esthétisme ! Avec l'inflation des polices disponibles sur le marché cela devenait trop subjectif, spéculatif et pas tout scientifique. Vive le Parco ergo scripto j'économise donc j'écris !
Oui bonne nouvelle aussi pour les cost-killers de tout poil qui n'ont que l'économie de bout de chandelle comme porte de salut, ils se précipiteront sur l'utilitaire APFill Ink Coverage Calculator qui leur donnera un aperçu de la consommation en encre des imprimés qu'ils produisent.

Ce qu'il y a dans le bidon 
reste un secret bien gardé
Oui bonne nouvelle enfin pour les autres, ceux qui ne veulent pas renoncer à l'aventure de la création sous toutes ses formes et particulièrement dans le design graphique, Epson s'apprête à sortir du rang en lançant une nouvelle technologie baptisée "Ecotank"qui met fin à l'utilisation de cartouches d'encre. Les machines se rechargent avec des bidons vendus autour de 10 euros le litre. Ces nouvelles imprimantes se révèlent un peu plus chères à l'achat mais bien plus économiques à l'usage.
Maintenant pour la suite du feuilleton des imprimantes, rendez-vous le 25 avril pour la saint Jean Porte Latine, patron multicarte des vignerons, tonneliers, cireurs, imprimeurs et typographes ! Avec un tel pédigrée ce saint Homme devrait être fréquentable : préparez vos doléances.

Bonus : retour sur la classification typographique de Francis Thibaudeau ;
la gamme Epson Ecotank est disponible dans toutes les bonnes quincailleries
Cartridge World recharge vos cartouche d'encre et vos toners à des prix canons.



1.2.15

Comment résister à l'obsolescence programmée des logiciels et des matériels Informatiques ?

La couverture du manuel technique du premier ordinateur d'Apple,
le logo (!) non plus, n'a pas survécu et c'est un moindre mal.

Tina (T-here i-s n-o alternative). Utilisateur de Dropbox, (un petit nuage dans le cloud qui permet de stocker des données et de les partager en ligne) j'ai reçu un mail il y a quelques jours m'avertissant qu'à compter du 18 mai prochain, je ne pourai plus bénéficier de leur service parce qu'à cette date le système d'exploitation qui tourne sur mon ordinateur ne sera plus plus compatible avec leur interface et qu'en conséquence ma connexion sera fermée, les documents ou les fichiers en dépôt sur leur cloud restant toutefois ma propriété et à mon entière disposition. Je n'en demandais pas tant et dois reconnaître que j'aurai été prévenu bien en avance. Mais si je veux continuer à l'utiliser, il faudra que je renonce à mon OS X 10.5.8 et que je l'upgrade sans tarder. Ce qui mine de rien signifie en clair la relégation de la bécane que j'utilisais jusqu'à ce jour, un bon G4 des familles, cadencé à 2 x 867 MHz, avec 2 Go de Ram, celui-la même qu'on surnommait le windmill parce épouvantablement bruyant mais qui me faisait tourner la suite CS3 d'Adobe sans broncher. Les systèmes suivants ne sont plus compatibles et je n'ai plus qu'à passer à la casse puis à la caisse pour m'équiper d'un matériel plus moderne !

La galère ne s'arrête pas là. En particulier pour la nouvelle suite Créative Cloud d'Adobe, il faut savoir que pour tous ceux qui travaillent sur des plateformes en multiposte souvent associées à d'autres logiciels, la punition sera tout aussi sévère. Chaque fois qu'Adobe décidera de modifier la version de sa suite, eh bien tous les autres logiciels (serveur, gestion de flux, et tout ce qui n'est pas Adobe) risquent de bugger, faute de mise à jour concomitante. La première suite CC commercialisée en juin 2013, a déjà été remplacée par la CC 2014 qui va sûrement être actualisée cette année. A se demander si les spécificités liées au Cloud ne finissent pas par ne donner aucune stabilité à votre plateforme informatique.
Et pour couronner le tout, la compatibilité des fichiers Indesign CC avec tous les autres utilisateurs (encore nombreux) de versions antérieures restent extrêmement problématique, acrobatique même car la seule passerelle offerte par le format de conversion IDML se révèle à l'usage très mal commode et toujours à rebrousse-poil (impossible pour un utilisateur de la CS6 d'ouvrir en direct un fichier CC).
Cet été à Lurs en Haute-Provence, à l'occasion des 62e Rencontres internationales de Lure, rassemblement improblable de passionnés de la chose imprimée, de typographie, de dessin de caractères et de bien d'autres matières encore moins recommandables, j'ai eu l'opportunité de rencontrer un "french" programmateur (si cela existe) de chez Adobe et lui ai vertement posé la question de savoir pourquoi sa maison mère rendait impossible tout va et vient entre anciennes et nouvelles versions de ces logiciels. Il m'a répondu avec des gants qu'il ne fallait pas leur jeter la pierre et qu'ils veillaient prioritairement à la fluidité du logiciel car rendre possible l'enregistrement d'un fichier dans une version antérieure risquait d'alourdir considérablement le poids du logiciel tout en complexifiant sa programmation. A y regarder de plus près, en comparaison avec Illustrator qui lui offre la possibilité de revenir en arrière dans une version antérieure et sur le poids effectif de ces deux applications, on peut mettre en doute cette argumentation.

Quoi faire d'un Macintosh SE, un autel de vénération ou une brique de Légo ?


Maintenant sans vouloir faire de cette chronique une déposition à charge against Adobe (prononcez adobi) les quelques esprits naïfs et innocents dont cette profession peut encore s'enorgueillir doivent savoir que ce géant informatique n'a pas de vocation spécifique liée au design graphique, ou au traitement de l'image. Il se définit avant tout comme un producteur de softwares dans une logique hégémonique de croissance et de développement tous azimuts. Et j'en ai fait la triste découverte à l'occasion du salon "la presse au futur" qui s'est tenu au mois de novembre dernier à Paris. En effet à côté de la Créative Cloud suite est apparue au grand jour un nouvel axe développement tout aussi important et peut-être plus profitable encore la Marketing Cloud Suite qui propose des outils de comptage, d'analyse et de monétisation sur internet. Du big data appliqué au e-commerce. Vos clics sont comptés. CQFD !

En savoir plus : Les rencontres internationales de Lure
L'obsolence programmée sur Wikipédia, une approche très complète et documentée de la question.

26.1.15

Le plus vieux graffiti du monde était-il un lien internet ?

Seul le coquillage est authentique ! CQFD © Minke Van Voorthuizen
Street art. Pas encore coté sur le marché de l'art, un Homo erectus indonésien fait l'événement avec un coquillage orné d'un zigouigoui, datant de 500 000 ans avant notre ère. Signature, graph, glyphe… on ne sait pas trop. Toutes les hypothèses restent ouvertes. La très sérieuse revue scientifique Nature a publié début décembre un article relatant comment fut découverte cette gravure, la plus ancienne à ce jour produite par la main de l'homme. Trouvé sur le site de Trinil sur l'île de Java il y a une centaine d'années, ce fossile dormait d'un oubli profond dans un tiroir du Muséum d'histoire naturelle de Leyde aux Pays-bas. Un étudiant australien qui passait par là pour un thèse sur les coquillages consommés par d'obscurs ancêtres appartenant au genre des homininés, l'a photographié négligemment entre deux moules d'eau douce. Une fois rentré chez lui, il s'aperçut à sa grande surprise qu'il portait de bien mystérieuses traces gravées en forme de zigzags. A y regarder de plus près elles dessinent comme un triple w relié à un m inversé. Pourrait-il s'agir d'une forme primitive de lien internet ? La question méritait d'être posée. Appelés à la rescousse, nos paléontologistes néerlandais répondirent que cette inscription en creux avait nécessité une grande attention et un effort considérable. Elle ne pouvait donc résulter que de la volonté consciente de son auteur et à ce titre devait être considérée comme une gravure et la plus ancienne produite par l'homme. Dont acte.

Quand la station Saint-Germain-des-prés accueille les écritures du monde © Ratp
Signature, graph, glyphe… Nous n'en savons guère plus. Pour avancer dans la résolution de cette énigme, il vous est fortement recommandé de vous rendre avant la fin du mois de mars dans le métro parisien et plus particulièrement à Saint-Germain-des-Prés (ligne 4). Oui, la Bibliothèque Nationale et la RAPT ont organisé sur les quais de cette station une grande exposition sur les écritures du monde. Laurent Ungerer (de l'agence C-album) en a magnifiquement orchestré la scénographie. Il s'est inspiré de la casse de l'imprimeur (le tiroir composé de cassetins qu'on utilisait pour ranger les caractères d'imprimerie) dont il a utilisé la contre-forme pour concevoir des présentoirs tout à fait singuliers, mosaïque de petits carreaux dont chacune des faces supérieures reproduit un caractère. Y sont présentées 55 écritures du monde entier au milieu desquelles sont exposés dans de petits compartiments en creux des objets aussi hétéroclites qu'un papyrus égyptien, une planche de récitation chinoise ou le psautier de Charles le Chauve ! Leur dénominateur commun l'écriture. A vous de voir si une filiation pourraient s'établir entre le mystérieux graffiti de l'abominable homme de Java et l'un des caractères de ces alphabets. Pour couronner le tout, sur la voûte déploient des volutes de mots et des signes qui chacun dans leur langue scande le vocable "monde". Assurément ce tour du monde se fera en moins de quatre-vingt jours, comptez plutôt en minutes et le compte sera bon. Bonne visite.

En savoir plus : Homo erectus : graveur de coquilles publié dans le n°496 de La Recherche, daté février en vente depuis le 22 janvier
Les écritures du monde se rencontrent à la station Saint-Germain-des-Prés (ligne 4) jusqu'au 31 mars
C-album : good design




20.1.15

Charlie hebdo à terre… Le business continue

Très vite mis en vente en ligne sur e-bay au plus offrant !




Collector. Mercredi 14 janvier à 9 h 15, il était déjà impossible de trouver le moindre exemplaire de Charlie-hebdo dans les kiosques parisiens. Achat compulsif, geste solidaire, acte fétichiste ou vil petit business spéculatif, chacun s'y reconnaîtra à l'aune de sa probité et de son engagement citoyen. Une heure plus tard apparaissaient les premières enchères sur e-bay qui n'ont cessé de grimper depuis. L'une d'entre elles affichait dans l'après-midi le montant improbable de 100 000 euros avec la simple mention très bon état ! Second degré ? Non je n'ai pas pu vérifier mais pencherais plutôt pour une sinistre illustration de la loi de l'offre et de la demande, s'il y en avait besoin.

Charlie-Hebdo remplaca l'Hebdo Hara-Kiri
interdit par le ministère de l'intérieur
après sa Une sur la mort du général de Gaulle
et fut promis au bel avenir que l'on sait !
Alors dans ce contexte de grande fébrilité, la réception inattendue dans ma boîte-mail d'un pdf avec l'intégralité des pages du premier numéro de Charlie Hebdo du 23 novembre 1970 tomba à pic et calma mon impatience. L'occasion m'était donné de faire un peu d'histoire sur la liberté présumée de la presse (une conquête somme toute assez récente) puis d'apprécier cet objet imprimé avec tous ses attributs typographiques bien datés, celui d'un temps qui ne connaissait pas encore les facilités de la P.A.O. et qui produisait des journaux avec les moyens de l'époque, la photocomposition et les lettres-transfert, de l'Helvetica plus bâton tu meurs, et au final un 4 pages avec un juste un soupçon de couleur la seule Une, des dessins et des articles juxtaposés sans grâce, un éditing réduit à la plus simple expression Titre + texte courant + exergue, des approches aléatoires, et une composition pleine d'irrégularités dans la gestion des blancs entre les mots. Bref une feuille de chou bricolée dont la forme n'avait que peu d'intérêt. Seuls importaient la virulence des diatribes d'un Cavanna ou la modernité foutraque des dessins faussement baclés d'un Reiser. No design mais de la gueule, enragée de surcroit !

Quelques années plus tard, Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique revenait à la charge dans un éditorial de janvier 1995, pointant du doigt toutes ces nouvelles formules de journaux qui proposaient grosso modo la même soupe, sous couvert d'un nouvel emballage. " La presse écrite, écrivait-il, se livre pieds et poings liés aux maquetteurs et part du principe qu'il suffit de changer de maquette pour tout aille mieux, sans réelle réflexion sur le fond.  La maquette est devenue incontestable. […] comme si les gens n'avaient plus envie de lire. Voir leur suffirait." Le constat reste d'une extrême pertinence même si je n'ai pas vocation à tirer contre mon camp… La tendance s'est amplifiée sans aucun doute, le paraître prenant le dessus sur le discours.

Que font les polices ?
Et pour revenir au commerce, la seule valeur qui tienne et qui s'impose à tous, à l'insu de notre plein gré, les margoulins et les cyniques ne nous ont pas attendus pour poursuivre leurs petites affaires. Joachim Roncin, directeur artistique et créateur du logo "Je suis Charlie" a bien précisé que son message et son image étaient libres de toute utilisation non mercantile. Qu'à cela ne tienne, l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) a été l'objet d'une cinquantaine de demandes de dépôt de marque éponyme !

Bonus : La première mort de Charlie hebdo en 1982 avec Cavanna, Wolinslki, Siné, Gébé, Willem et d'autres chez Michel Polac pour un Droit de réponse mémorable





12.1.15

Les frères Bogdanov… un Photoshop disaster ?

photoshopdisaster
Encore en affichage libre dans le métro parisien ! Que fait la peau lisse ? © DR

Freaks. La question ne cesse de turlupiner le microcosmos des rédactions en chef de la presse people parisienne : les frères Bogdanov, jumeaux les plus célèbres du PAF auraient-ils été victimes de retouches sauvages réalisées par un graphiste malveillant à l'aide du logiciel miracle de retouche d'images d'Adobe, Photoshop ? Et en l'occurrence il s'agirait plutôt d'un photoshop disaster, selon le néologisme consacré par la communauté de ses nombreux utilisateurs car leurs bobines ressemblent plutôt à des marionnettes sorties des Guignols de l'info qu'à des "real humans".
Qu'en est-il exactement puisqu'Igor et Grichka ont toujours affirmé qu'ils n'avaient jamais eu recours à la chirurgie esthétique ? Si l'on cherche des antécédents, il faut plutôt regarder du côté de la gente féminine, la palme de la cure de jouvence revenant certainement à Chantal Ladesou une actrice comique de retour en grâce semble-t-il qui ne hésite pas à afficher ses 66 printemps sous l'apparence d'une impeccable blonde au visage nickel sur l'affiche de son dernier spectacle. Ici la retouche est avérée, presque abusive et caractérise la tromperie, n'en déplaise à l'impétrante.

photoshopdisaster
L'affiche face à son modèle © DR
Elle est talonnée de près par Charlotte Gainsbourg qui dans une publicité récente pour un parfum nous propose un visage angélique presque virginal ! Il faut savoir que la Charlotte est aujourd'hui une fringante plus toute jeune quadragénaire ! CQFD.
photoshopdisaster
On va arrêter là ce name-dropping, car la ficelle est un peu grosse et voire un poil misogyne mais pour revenir à nos deux moutons Igor et Grichka dont les tignasses foisonnantes et colorées frisent les 130 ans cumulés au compteur on ne comprend pas toujours pas par quel prodige ils arborent ce look inimitable d'extraterrestres-bimbos plutôt inquiétant. Photoshop lui, produit un excellent rendu et assure un bien meilleur lissage, plus vrai que nature. A utiliser avec modération si toutefois l'aventure vous tentait.

En savoir plus : googler photoshop disasters. De nombreux sites recensent avec plus ou moins de bonheur les aberrations multiples et variées, consécutives à des retouches d'images (photoshoperies) intempestives, improbables, imbéciles, voire scandaleuses comme le journal israélien Haaretz qui a gommée les femmes sur la photo des chefs d'états participants à la marche républicaine du dimanche 11 janvier à Paris.
Post-scriptum : Carton rouge à Philippe Vandel, qui servit la soupe à ces deux bonimenteurs toute la journée du 19 janvier sur France-info.

5.1.15

Ne ratez pas le bus de la fête du graphisme 2015…

40 créations seront affichés dans les (nouveaux) abribus Decaux
Veille de fêtes. On ne boudera pas notre plaisir : la fête du graphisme est annoncée dans tous les bons agendas, du 7 janvier  au 17 février 2015. On ne sait pas quelle abeille en déshérence a piqué la Ville de Paris mais elle a choisi cette année de "Célébrer la Terre" pour cette deuxième édition et a commandé dans la foulée à 40 créateurs français et internationaux une affiche sur le même thème. Tous ces projets seront exposés à l'Hotel de ville et dans le même temps dans toute la cité, sur les Champs Élysées et sur le réseau des abribus Decaux, partenaire et soutien de cette opération. Rien à redire à tout cela. Mais tous ceux qui ont le temps de pouvoir utiliser les bus et ceux qui sont attentifs à l'écriture du paysage urbain ont surement remarqué ça et là l'apparition de nouveaux abribus.

Le nouveau prototype
Leur design n'est pas sans qualité et s'inscrit dans la tendance actuelle qui fait la part belle aux lignes courbes. Son inspiration doit à la forme d'une feuille d'arbre selon son créateur Marc Aurel. Ils affichent par leurs dimensions et l'appendice vertical dont il sont dorénavant munis (un mat porteur d'un médaillon avec le numéro de la ligne), une forte volonté de marquer leur territoire, voire de sacraliser ce périmètre, réservé aux usagers des transports en commun qui pourront bénéficier de connexions numériques multiples. Jusque-là la démarche est louable mais quand on observe sans a priori leur intégration dans le décor parisien, où la perspective haussmannienne et son style très 19e siècle est omniprésente, on peut s'interroger sur leur juste cohabitation. L'œil peut être choqué par le parti pris stylistique plutôt décalé.

L'ancien modèle, rue de Rivoli
Il a déjà été question ici dans cette tribune de bon design. "Célébrer la terre" thème de la prochaine fête du graphisme nous tend une perche de circonstance : prendre en compte une nouvelle dimension du design : celle de son caractère durable. Et là nous reviennent à la figure des questions sur la pertinence d'un tel aménagement. Y avait t-il un réel besoin de renouveler l'ensemble du parc des 2000 aubettes (c'est ainsi qu'il faut les dénommer) qui ne datent que de dix ans et qui avaient le mérite d'arborer une rusticité très parisienne, dans une neutralité discrète signée Norman Foster (excusez du peu !) au prétexte que la connexion au réseau devient une absolue nécessité ? Qu'en est-il du bilan carbone d'une telle opération, etc ? La Ville a signé avec JCDecaux en décembre 2013 juin un nouveau contrat qui l'engage pour quinze ans. L'affaire est donc lancée sans repentir possible. Souhaitons donc à ce nouveau mobilier urbain une intégration durable et raisonnée et nous verrons si les réserves stylistiques exprimées aujourd'hui n'étaient que le produit d'une conformisme crétin ou d'une résistance inavouée au changement. Qu'en pensez-vous ? Le débat est ouvert. En attendant sous de tels hospices, vous n'avez plus aucune excuse pour rater le bus de la deuxième fête du graphisme… dont nous reparlerons sûrement.

En savoir plus : Aurel design urbain ;

La fête du graphisme 2015, dossier de présentation (PDF)
Norman Foster architecte britanique
 

31.12.14

Vœux du nouvel an : no tweet today

En 2015 renversez la sinistrose !
Bonne pratique. i-Veux une carte en dur, en papier de préférence, avec une enveloppe pour son acheminement, affranchie d'un joli timbre et adressée à soi-même de la plus belle écriture tracée à l'encre sympathique et i se demande s'il appartient encore à ce siècle.
Pas de panique bonhomme, tu ne tweeteras qu'en désespoir de cause, le 31 janvier au soir pour rester on time. Autrement à ton imprimante et si d'aventure ton budget ou le temps te font défaut, le courriel sera le juste compromis entre plugged et unplugged !

Piqure de rappel : Où en sommes-nous avec l'invention, post du 16-01-2011

17.12.14

Un nouveau logo pour SFR ?

 
Degré zéro de l'invention ? © DR

Junkdesign. A partir de quand peut-on considérer qu'un design est bon, pertinent ou novateur, qu'il fait progresser le sens commun, l'esthétique ou l'ergonomie, qu'il offre une plaisir d'usage et de contemplation évident, sans contestation possible ? Sous quel angle doit-on apprécier la valeur d'une proposition ?  Est-ce le critère purement formel ou esthétique qui prévaut ? Ou bien est-ce l'adhésion qu'il rencontre ? Ou encore le fait qu'il apporte une réponse à une problématique qu'il était censé résoudre. Voilà toute un série de questions qui nous sautent à la figure en face de certaines productions proches du degré zéro de l'invention. Y apporter une réponse dans la pratique est essentiellement une affaire de tempérament et de capacité à résister au contexte. Chacun y joue son caractère mais grosso modo on pourrait établir cette petite classification qui dégage trois catégories d'acteurs.

Les premiers sont des adeptes du ça passe ou ça casse et optent pour le passage en force au nom d'une exigence artistique ou stylistique qui ne supporte aucun compromis. Il faut s'appeller Ruedi Baur, Philippe Starck ou Jean Nouvel pour en arriver là. Cela n'est pas donné à tout le monde mais n'est pas sans risque non plus, car la brutalité dans une démarche de création s'accompagne souvent d'un retour de bâton ou d'un effet boomerang dévastateur. La radicalité est rarement supportée dans la durée et finit par se désagréger au fils des épreuves du temps.
Les seconds que nous qualifierions de pragmatiques, cherchent à composer avec le sens du vent, et noient le poisson dans un discours qui peut impressionner mais qui ne soutient que des propositions de circonstances sans pérennité non plus car la carence de sens est patente. On a vu ces derniers temps fleurir tout un tas de logos, qui ont intégré des effets graphiques de surface qui ne sous-tendent aucune symbolique, aucune valeur ajoutée, aucune profondeur. Voyez le logo SFR qui ressemble à un vilain bouton d'une interface cheap.
Enfin, les derniers les moins chanceux sont surement ceux qui de gré ou de force obtempèrent aux injonctions du client de plus en plus roi, celui qui n'a de cesse de croire que la PAO est un jeu d'enfant à la portée du premier venu, et que le produit de ces quelques clics ne mérite qu'une aumône en guise salaire.
Avant/après : le célèbre paquet de Lucky Stricke métamorphosé
par Raymond Lœwy. Le succès fut foudroyant.
Maintenant faisons entrer en scène Maya. Et que vient-il faire dans toute cette affaire, me direz-vous avec raison ? Rien à voir à avec la célèbre abeille du dessin animé éponyme mais plutôt avec un sésame qui pourra peut-être vous aider à trouver la pratique adéquate. Ces quatre lettres à la suite forme un acronyme fort malin qu'avait établi le génial et regretté Raymond Loewy : Most advanced yet acceptable. Autrement dit aller le plus loin possible dans l'innovation à la condition qu'elle soit recevable par ses destinataires. Voila le maître-mot que toute sa production nous a légué que j'ai à cœur de remettre au goût du jour pour la nouvelle année, histoire de repartir sur de bons rails et de contrecarrer le junkdesign ambiant. Et pour tous ceux qui voudrait relever le défi : à vos crayons et rhabillez-nous vite SFR qui le vaut bien !

En savoir plus sur Raymond Loewy : wikipédia
A réécouter : Une vie, une œuvre Raymond Loewy (1893-1986) Podcast de France-Culture

12.12.14

Touche pas à la couverture du livre !


Graffiti sur une affiche du métro parisien © vsfg

Noël. Avez-vous remarqué que certains de nos magazines ont pris le parti de ne pas reproduire les couvertures de livres qu’ils recommandent dans leurs suppléments cadeaux pour les fêtes ? Leur mise en page se construit souvent autour de visuels à vocation plus décorative qu’informative. Certains recourent à la main d’un illustrateur, d'autres préfèrent solliciter l’œil d‘un photographe. Mais quelque soit l’option et le talent de ces producteurs d’images, le résultat est le même : une liste de références commentées. Elle se déroule sous nos yeux, bien en mal de se figurer les ouvrages dont il est fait mention. Pas la peine de faire un micro-trottoir ou de tweeter la question de savoir s’il est possible d’acheter un livre sans en apprécier la couleur, le format, l’épaisseur, le visuel ou la typographie de sa couverture… la réponse est sans appel. Le livre n’est pas réductible à son seul contenu ou à son auteur. N’existe-t-il pas d’abord par l’objet qu’il devient une fois imprimé et relié ? Ne l’achetez-vous pas en partie pour sa robe, son parfum, sa main et l’émotion qu’il vous délivre à son contact ?
Certes la publication en cette fin d'année de ces listes est utile mais elle prive dans cet état les lecteurs d’un réel service. Quand on connaît la petite cuisine interne et la mauvaise passe dans laquelle se trouve la presse papier, on pourra révéler que cette pratique n’est pas le fruit du hasard ni du caprice d’un directeur artistique paresseux, elle s’inscrit plutôt dans une logique de productivité qui cherche à faire gagner du temps et de la place aux équipes de réalisation de vos journaux autant sur la recherche des visuels de couvertures longue et fastidieuse que sur leurs mises en page qui demandent mine de rien de multiples réglages et ajustements…
Piètres excuses, me direz-vous avec raison. Peut-on s’imaginer un seul instant être plongé dans une librairie dans un noir à 100 %, sans avoir des sueurs froides ? On insistera jamais assez sur l’importance des couvertures de livre. Joyeuses fêtes et bonnes lectures !
 
A découvrir : La féerie des mille et un livres d’Irma Boom
A relire : La laideur se vend mal de Raymond Lœwy, collection Tel (n°165)
Editions Gallimard


15.8.11

Ne bronzez pas idiot • 5e semaine

1 - Conduite accompagnée (suggestion de la semaine par Di Marco). Après avoir remis les 4 parties de l'image dans le bon ordre, délit de fuite ou assistance à personne en danger le choix vous appartient, racontez-le dans un commentaire d'une quinzaine lignes (dessin le cas échéant accepté, best of de vos contributions à la fin de l'été).

2 - Brush up your english with the Rob Pruitt 101 Art Ideas to do list
[91 to 101] :

[…]
81 - Take things apart.
82 - Put things back together.
83 -Toss losse change into a pile on the floor.
84 - Make an aluminium foil death mask.
85 - An electric fan wearing a T-shirt becomes an easy figurative sculpture.
86 - Make a portrait of someone by printing their phone number poster size.
87 - Make a portrait/self-portrait by captioning a mirror.
88 - Frame a crédit card statement, e.g., the month of your trip to Paris.
89 - Stalk someone.
90 - Collect autographs, one per canvas or page. Think of them as portraits.
91 - Make a photo album of all your wordly possessions.
92 - Record yourself talking for fifteen minutes, let your consciousness stream.
93 - Save and transcribe your voicemail. Publish your emails.
94 - Make a collage on an unopened wine bottle for the year of its vintage.
95 - Don’t clean your house and call it squatter art.
96 - Make a scent installation. A pipe branch in a microwave, pour a glass of cologne, fart.
97 - Write captions on the glass for the view outside your window.
98 - Write lyrics to a classical music composition.
99 - Title untitled paintings.
100 - Make a list
101 - Title your life.

Rob Pruitt, 1999, All Rights Reserved.
That's all folks !

3 - L'anagramme de la semaine : Lorgna o Elysée
(indice : primaires) par Clovis Ferdeus. Réponse le 22-08.
Solution de la semaine précédente : "A la recherche du temps perdu"
extrait de Mementos-fragments, de Michèle
Grangaud, éditions POL. 
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Réponse : Ségolène Royal ! (Bonne fin de vacances)...